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Blood Incantation - Absolute Elsewhere

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

















La formation de death metal progressif Blood Incantation vient de sortir son troisième album, Absolute Elsewhere, sur le label allemand Century Media. Ce disque est un chef d'oeuvre absolu du genre et sera définitivement dans les classements des meilleures disques metal de 2024. Retour sur ce petit bijou à la fois brutal et planant. Une claque monumentale à laquelle tu n'es pas prêt...


Le groupe

Crédit : Julian Weigand

De gauche à droite : Paul Riedl, Morris Kolontyrsky, Isaac Faulk et Jeff Barrett


Blood Incantation est un groupe de death metal originaire de Denver au Colorado formé en 2011. Il se compose de quatre musiciens : Paul Riedl au chant et à la guitare, Isaac Faulk à la batterie, Morris Kolontyrsky à la guitare et Jeff Barrett à la basse. Ces quatre musiciens jouaient dans d'autres formations locales avant de se rassembler pour créer Blood Incantation. Dans leur discographie, on retrouve, avant Absolute Elsewhere, trois albums : Starspawn en 2016, Hidden history of the human race en 2019 et Timewave Zero en 2022. Trois EP, trois démos et un split ont également vu le jour.

Depuis leur premier disque jusqu'à ce dernier, les critiques spécialisées couvrent d'éloges les musiciens tant par la technique, la qualité des compositions mais surtout par l'univers musical qu'ils ont créé. En effet, c'est du death metal mais avec énormement d'élements de rock/metal progressif et une ambiance space rock psychédélique qui prend également sa place dans les compositions. On peut retrouver autant d'influences de Morbid Angel (période Domination), de Death (derniers albums) ou d'Opeth que de Pink Floyd ou encore de Rush dans la musique du quatuor coloradien. Les thèmes abordés dans leurs textes sont la mort, l'espace, l'humanité, le mysticisme, la mythologie mésopotanienne ou encore les aliens. Autant dire qu'ils sont plutôt inspirés !


L'album

Pochette réalisée par l'artiste Steve R. Dodd


Absolute Elsewhere est sorti le 4 octobre dernier et se compose de six pièces originales. Le disque a été enregistré durant l'été 2023 au Hansa Tonstudio à Berlin. Ce studio légendaire a vu défiler des artistes prestigieux depuis la fin des années 70. Il a été le lieu d'enregistrement pour Iggy Pop (The Idiot et Lust For Life), David Bowie (Low et Heroes), mais également U2, Nick Cave & The Bad Seeds, The Hives, Ministry et même Charles Aznavour! Le mixage et le mastering ont eu lieu aux Redwood Studios à l'hiver 2023. Le producteur/ingénieur du son qui a travaillé sur le disque est Arthur Rizk. Il a déjà travaillé avec Powertrip, Soulfly, Cavalera Conspiracy, Municipal Waste, Enforced ou encore Crypta. Ce n'est pas sa première collaboration avec le groupe.


Absolute Elsewhere est nommé d'après le collectif de rock progressif du milieu des années 70 qui comptait dans ses rangs le batteur Bill Bruford. Le musicien de légende a joué sur les cinq premiers albums de Yes avant d'embarquer dans King Crimson pour enregistrer huit albums. Son pédigré est impressionnant pour tout fan de musique progressive. L'opus In Search Of The Ancient Gods a été une source d'inspiration pour les musiciens.


Cet album est un trip cosmique absolument fabuleux et le temps de 43 minutes, on décolle dans l'espace pour un voyage céleste qui nous fait décrocher instantanément. Immersif et brutal à la fois,

Le disque est divisé en deux parties qui sont elles-mêmes redivisées en trois sections : The Starget [Tablet I/Tablet II/Tablet III] et The Message [Tablet I/Tablet II/Tablet III].


Trois musiciens ont été invités à faire partie de cette aventure :

-Thorsten Quaeschning, claviériste, guitariste et batteur du groupe de musique élctronique allemand Tanderine Dream. Il joue du synthétiseur sur The Stargate [Tablet II]

-Malte Gericke, chanteur et bassiste du groupe death/thrash allemand Sijjin et ancien membre de Necros Christos. Il prête ici sont chant growl et il parle en allemand sur le morceau The Message [Tablet II].

-Nicklas Malmquist, claviériste du groupe de rock progessif suédois Hällas. Il figure sur le disque comme cinquième membre honorofique de la formation. Il assure les parties de piano, de synthétiseur et de Mellotron. Il contribue grandement à la signature rock progressif des années 70 présente sur le disque.

Les choix de Malmquist et de Quaeschning, selon Riedl, qui sont bien en dehors de la sphère death metal, est voulue et c'est pour montrer aux fans de metal, qui selon lui ne sont pas toujours les plus ouverts, que les genres musicaux peuvent fusionner ensemble. Et cela créé un death metal progressif cosmique unique et intense!

Il y a beaucoup de genres de metal qui sont exploités dans la structure musicale : death (surtout des années 90) ou aussi appellé OSDM (Old School Death Metal), metal progressif, black metal et aussi thrash metal. Les metalleux au complet devraient se retrouver dans au moins une composition car elles sont vraiment rassembleuses.

Riedl a dit à propos de l'album que c'était "un disque de prog' des années 70 joué par un groupe de death metal des années 90, du futur !".


Les informations inutiles d'Eddy


-Je capote sur la pochette. Franchement, c'est dans les plus belles que j'ai vues cette année.


-Riedl a déclaré "Blood Incantation est un concept vraiment ouvert. Il y a vraiment peu de riffs que nous ne jouons pas. Speed metal, funeral doom, black metal, heavy metal, technical death metal, musique ambiante, acoustique, spatiale. Le plus important c'est comment on les associe ensemble".


Il a également dit pour Bandcamp : "Nous sommes psychédéliques as fuck. Nous avons écrit des chansons sous l'influence de champignons et nous les avons mangé juste avant de monter sur scène, tellement de fois. Mais nous avons tellement consommé que nous n'avons plus besoin de retourner en arrière dans cet état d'esprit psychédélique pour créer ce que nous faisons. Nous voulons que les gens embarquent dans cet état d'esprit psyché avec notre musique. Nous voulons que nos morceaux soient le trip!".


-J'ai mon billet pour aller voir le groupe jouer l'album dans son intégralité le 29 novembre au Théâtre Fairmont de Montréal. Inutile de dire que j'ai pas mal hâte !

-Un documentaire intitulé "All gates are open : in search of Absolute Elsewhere" sur la création du disque a vu le jour. Voici la bande-annonce :


-Le label Century Media compte de gros bonnets dans son écurie : Arch Enemy, At The Gates, Body Count, Dead Lord, Enforced, Finntroll, Insomnium, Kanonenfieber, etc...



Le radar analytique et intense d'Eddy


1.The Stargate [Tablet I] :

Introduction futuriste,c'est la batterie qui commence avec des roulements rapides style Mike Portnoy, ensuite la guitare embarque et là ça devient brutal assez rapidement avec un riff de guitare typique du death des années 90. La voix est rageuse et à 1:16 un cri vient tout dévaster sur son passage!

A 2:00, on calme les hostilités avec un break où des effets modernes, grâce aux claviers très prog', viennent apaiser l'auditeur. A 4:00 quand le Mellotron de Malmaquist embarque, ça redonne une dimension cosmique plaisante au morceau. La guitare hurlante a des sonorités death old school à la Sepultura période Cavalera ou encore à du Obituary. Isaak Faulk fait un travail remarquable derrière les fûts; il a une énergie débordante et une solide régularité surtout à la double pédale. Ca bûche sur un pas pire temps!


2.The Stargate [Tablet II] :

Composition instrumentale qui est le fruit du travail de la collaboration avec le leader de Tangerine Dream. Encore ici, nous avons le droit à une introduction futuriste qui est dans le même état d'esprit que le générique de la série Stranger Things selon moi : introspectif et intriguant, cela laisse place à la détente et à la réflexion. A 3:10, une guitare acoustique fait surface pour ensuite laisser place à une guitare éléctrique menaçante qui est suivie d'une pluie de double pédale jusqu'à la fin du morceau.


3.The Stargate [Tablet III] :

On reprend sur les dernières notes de Tablet II avec un chant profond et intense, nous avons le droit à quelques lenteurs mais ce n'est que passager, car l'agressivité revient pour le plus grand plaisir de tes tympans! Le chant de Rield est jouissif et libérateur, il est devenu un de mes vocalistes de death préférés alors que je ne connais cette formation que depuis peu de temps. Les percussions ont encore une fois un côté tribal qui me fait penser au bon vieux Sepultura.


Un vidéoclip de The Stargate au complet (20 minutes) est disponible. Science-fiction et images macabres sont mélangées avec une touche de psychédélisme :


4.The Message [Tablet I] :

Tsunami de gros metal sale ! A partir de 2:00 le côté mélodique est renforcé avec ces belles lignes de guitare. Déferlante de gros riffs gras et de bûcheronnage au drum. Ces musiciens sont de vraies machines de guerre c'est une certitude.


5.The Message [Tablet II] :

Ouf ! On entend enfin la basse à la hauteur de ce qu'elle mérite, et quel groove d'enfer ! J'en aurais pris un peu plus sur les autres pièces personnellement! C'est dans cette pièce que le côté Pink Floyd prend tout son sens pour moi avec l'ambiance prog'/space rock psychédélique unique. Autant la voix que la guitare, c'est du David Gilmour tout craché. Univer hypnotisant jusqu'à la dernière note où le tempo s'accélère. C'est sur cette pièce que l'on peut entendre Malte Gericke s'exprimer dans la langue de Goethe.


6.The Message [Tablet III] :

Morceau le plus consistant du disque pour le clôturer, avec ses 11:27, il commence avec un hurlement sauvage. Les flûtes jouées grâce au Mellotron et les choeurs viennent donner un peu de quiétude et une ambiance prog' épique très réussie. La structure musicale et l'atmosphère sont assez proche du black metal "ambiant/mélodique". La conclusion de la pièce et donc de l'album se termine par du tonnerre et une pluis battante jusqu'à la note finale. Quelle épopée musicale nous venons de vivre...


Bref...

Un très sérieux prétendant à l'album metal de l'année et je ne pense pas être le seul à penser ça. Ecoutes après écoutes, je suis de plus en plus subjugé par la qualité de l'oeuvre que les musiciens viennent de créer. Je suis très impatient à l'idée de voir ça en spectacle! A l'heure où j'écris ces lignes, Mike Portnoy a déclaré en entrevue que pour lui, Absolute Elsewhere était "la brutalité d'Opeth qui rencontre la beauté de Pink Floyd". C'est joliment dit!



-Genre : Death Metal Progressif

-Date de sortie : 4 octobre

-Pour fans de : rock progressif des années 70, OSDM, Opeth, Pink Floyd, metal au sens large du terme (prog'/black/thrash/funeral doom/...)

-Maison de disques : Century Media


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