La formation lilloise de post-metal instrumental, The Lumberjack Feedback, publie son troisième opus intitulé The Stronghold sur le label italien Argonauta Records. Retour sur ce petit diamant brut qui saura satisfaire les mélomanes les plus exigeants en terme de post-metal/stoner/doom instrumental.
Le groupe
Crédit : Romain Duquesne
De gauche à droite : Virgile, Simon, Louis, Alexis et Geoffrey
The Lumberjack Feedback a été fondé en 2008 et a la particularité d'avoir deux batteurs, ce qui rend leur musique encore plus riche. Leur univers musical se caractérise par des riffs de guitares lourds et puissants, tout en restant habilement mélodiques , dans une ambiance cinématique épique unique en son genre. Le fait d'avoir deux batteurs au sein de la formation ajoute plus d'énergie à l'ensemble de l'oeuvre et une dimension percutantante très agréable. Tous ces éléments se marient remarquablement et créent une atmosphère qui laisse place à la réflexion et à l'imagination pour l'auditeur.
Sur l'album, le groupe se compose de Simon Herbaut et Geoffrey Gosset aux guitares, de Virgile Chaize et Nicolas Tarridec aux batteries et de Max Mouquet à la basse. Il y a eu quelques changements dans la section rythmique depuis l'enregistrement de l'album. Pour la tournée, c'est Alexis Delahousse qui remplace Nicolas Tarridec (batterie) et Louis Corteel (basse) à la place de Max Mouquet (basse).
Je me suis entretenu avec Simon Herbaut et quand je lui ai demandé leurs influences principales, il m'a répondu qu'elles étaient nombreuses : Queens Of The Stone Age, Kyuss, Genesis, Mastodon, Converge, les vieux albums de Metallica, Sleep, Slayer, The God Machine, Pelican, Neurosis...
Avec The Stronghold qui est leur troisième album, les musiciens ont signé sur le label italien Argonauta Records qui est spécialisé dans le stoner, le doom, le sludge et le post-metal depuis 2012. Leurs deux premiers LP, Blackened Visions en 2016 et Mere Mortals en 2019 ont vu le jour sur deux labels différents qui malheureusement n'existent plus aujourd'hui.
Le radar analytique et intense d'Eddy
The Stronghold est composé de six pièces instrumentales pour une durée totale de 36:52. La pochette a été réalisée par Simon Herbaut. Il a photographié le monument "La pleureuse de Vimy"et s'est chargé de la retouche et du montage avec l'ajout de cette lune pour rendre le tout encore plus épique et mystérieux.
1.Kings And Servants : introduction avec guitare lente à l'écho apaisant, ensuite les batteries embarquent et nous avons le droit à une belle envolée où la guitare supersonique vient annoncer la couleur : les Lillois ne sont pas là pour niaiser mais bien pour nous en satisfaire les tympans! Cette composition est dans la veine de ce que propose Russian Circles : une musique instrumentale immersive où la spirales de riffs de guitare(s) vient t'aspirer et t'emmener dans des horizons inexploités, mais formidablement agréables. Place au lâcher prise!
2.Praised The Lord For A Brighter Future : riffs hypnotiques où le côté "ambiant" est bien présent pour cette pièce. J'aime la palette d'émotions présentes ici, TLJFB ont la capacité de passer de moments plus calmes et atmosphériques à des passages chaotiques nettement plus rapides et agressifs. A noter une belle montée en puissance à 5:18 avec cette énergie qui nous emmène jusqu'à la fin du morceau.
3.Failing To Witness His Mighty Work : introduction mélodique riche et complexe qui commence le morceau de la plus poétique des manières avec des sonorités shoegaze à la Mogwai. L'ambiance générale de la pièce nous donne un sentiment d'espoir et de légérete qui fait du bien à l'âme. Les guitares ont une puissance dévastatrice et jouissive qui balaient tout sur leur passage. A 2:51 il y a un bel enchaînement de roulements de tomes sur les deux batteries qui se complètent parfaitement.
Bravo à la personne qui a mixé les batteries, sans prendre trop de place, elles sont parfaitement équilibrées. Steve Albini doit être fier là haut!
4.But All Remembered The Place... : composition plus lourde, à mi-chemin entre le stoner/doom et le post-metal. Les deux batteries se livrent une bataille endiablée et la distortion des guitares est lourde comme les enfers. Un grand moment du disque! A 5:10, place à une structure "classique" du genre mais qui est très efficace : un gros riff pesant mais léché à la perfection. La production, comme sur tout l'album d'ailleurs brille de par sa qualité et ses arrangements. Tous les instruments sont divinement balancés et la signature sonore est pure comme de l'eau de roche. Quant à la basse, dont je n'ai pas encore parlé, elle est groovy à souhaits et vient compléter les deux batteries sur la section ryhtmique, de manière magistrale.
5.The Stronghold : la basse et les batteries dictent le début du morceau comme un long fleuve tranquille. Cette composition atmosphérique et calme est probablement la plus émotive qu'on peut retrouver sur l'album avec énormement de variations de rythmes et de sentiments. C'est un véritable voyage transcendant dans lequel nous embarquons jusqu'à la note finale qui nous donne l'envie de relancer l'album car 36 minutes d'intensité musicale, ça passe (beaucoup) trop vite!
Bref...
Une belle surprise et une grande claque dans la gueule que j'ai pris lors de chaque écoute de cette divine galette. Je suis un grand fan de post-metal/stoner/doom/sludge instrumental et j'en écoute énormément mais The Strongehold m'a jeté à terre tellement il comporte de richesses d'émotions et de variations musicales toujours parfaitement exécutées. La symbiose et l'alchimie musicale que partagent le quintet fait mouche tout au long de l'enregistrement. A coup sûr dans mon top 5 des albums du genre pour 2024. Je vous invite à aller acheter leur album en format physique sur leur BandCamp , c'est la meilleure façon de les encourager en plus d'aller les voir en spectacle. Loud & Low Forever!
-Pour fans de : Russian Circles, Modder, Karma To Burn, Cult Of Luna, Explosions In The Sky, Sleep Token,...
-Label : Argonauta Records
-Date de sortie : 26 avril 2024
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